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rouge
ÉTIENNE CHAMPION
MASQUE, SCÉNOGRAPHIE
Plus assidu à dessiner des petits personnages dans ses marges de cahier qu’à suivre les préceptes de ses professeurs Etienne Champion a toujours eu un crayon en main. Le jeudi, puis le mercredi il allait dans le marais en bas de chez lui tripatouiller la glaise d’un gisement de kaolin au grand dam de sa mère. La dizaine passée il a travaillé un peu plus assidûment... la terre et a dessiné sous la férule de son père, passionné par la pédagogie du dessin et de la peinture. À 16 ans il décide que sa vie sera liée à une pratique artistique. En 1979 il rentre au Conservatoire Régional de Metz en classe de diction puis en classe d’art dramatique, il pense alors que sa pratique sera théâtrale.
Depuis 1982, date de son premier stage avec Stefano Perrocco, Etienne Champion sculpte des masques. Il se forme d’abord sur scène à l’occasion de stages avec Carlo Boso, Philippe Hottier, Mas Soegeng, tout en se consacrant à la fabrication de masques et, à partir de 1987 à la sculpture de masques en bois. Il a, à ce jour, réalisé des masques pour une soixantaine de spectacles.
L’originalité de ses masques ainsi que son travail en lien avec les acteurs l’amène à travailler avec Mario Gonzalez pour lequel il crée des masques dans le cadre des ateliers de troisième année du C.N.S.A.D. mais aussi pour La trilogie des savants fous, Scapin, Dom Juan, Tartuffe, Lady Pygmalion, George Dandin. C’est d’ailleurs avec Mario qu’il crée, en 1987, une forme de masque neutre qui sert encore actuellement à l’enseignement au Conservatoire de Paris.
Pour approfondir sa compréhension du masque et du jeu masqué il remonte à intervalles réguliers sur scène et c’est ainsi qu’il joue dans Les Caractères en 1994, les gueules de bois en 1999, Envie de familles en 2001 et enfin dans George Dandin en 2007. En 2011 il conçoit et met en scène Boire & déboire.
Il voyage beaucoup à l’étranger et particulièrement en Suède où il fut pendant six ans artiste associé au Theater Halland à Varberg. Il collabore également avec les Bricklayers de Chicago et a participé à deux créations en Chine, l’une avec l’Académie de théâtre de Shanghaï, l’autre pour le ballet de la province du Hubei à Wuhan. Il participe régulièrement aux travaux du laboratoire du masque dans le cadre de l’École Des Écoles (réseau d’écoles supérieures d’art dramatique européennes) et travaille avec la Guild Hall School of Music and Drama de Londres.
Il est intervenant régulier, avec Mariana Araoz et Christophe Patty au sein de « Collectif Masque » et a été, de 2007 à 2012, secrétaire fondateur des « Créateurs de masques », association regroupant une trentaine de créateurs de masques résidant en France. À Strasbourg, où il réside depuis 2009, il travaille avec Marc Proulx, professeur de masque et de mouvement à l’école du Théâtre National de Strasbourg, et est artiste associé avec la compagnie Talon Rouge.
Par ailleurs, il est formateur au travers de stages collectifs ou individuellement à son atelier.
Son approche du masque passe par une proximité avec l’interprète. La forme est créée en tenant compte de son porteur autant d’un point de vue anatomique que d’un point de vue dynamique. L’énergie de l’acteur induit, module le caractère du masque.
Après une courte approche (de 1982 à 1987) des masques traditionnels dits de la commedia dell’arte et du travail du cuir il s’oriente vers une esthétique où les masques sont tirés de typologies contemporaines et où un matériau traditionnel, le bois, donne une modernité à un art habituellement marqué par un certain classicisme dans le théâtre occidental.
Il se reconnaît des influences de la sculpture africaine, japonaise ou chinoise ou encore cubiste, les fauvistes et les expressionnistes allemands pour ce qui est de la couleur. Renouant avec des recherches qui datent des années 80, il a depuis maintenant trois ans, repris un travail de sculpture qu’il nomme sa « recherche fondamentale » pour distinguer ce travail de la création des masques. Il explore l’autoportrait par le dessin au fusain, la terre et la pierre et a commencé l’an dernier un travail sur le corps et les silhouettes.